Romain et Gaëlle se sont installés, il y a quinze ans, dans un clôt situé à Lémeré (37) près de Richelieu. Ancien domaine viticole, ce clôt est alors racheté et scindé en quatre exploitations dans le cadre d’un GFR (groupement foncier rural). Trois familles s’y installent, quatre fermes y produisent. Le couple y loge quant à lui la maison familiale auto-construite et le projet apicole qu’il peaufine depuis plusieurs années déjà. Les Abeilles de Papae sont nées.
Romain, seul, démarre dans un petit entrepôt, lui aussi en grande partie auto-construit. Il est secondé régulièrement par Gaëlle qui conserve, au départ, son activité pour sécuriser le revenu familial. L’exploitation commence avec une quarantaine de ruches. Le choix est fait de les peupler d’abeilles noires: locales, adaptées à leur milieu et résistantes.
Les miels plaisent, se vendent bien, la gamme s’étend : des miels monofloraux de tilleul, acacia, châtaignier ou sarrasin, ou polyfloraux sous les noms de « printemps », « été toutes fleurs » et « P’tit Michto ». Depuis quelques années, la bière la Beenouze, bière blonde légère déclinée en trois saveurs, vient solidifier le chiffre d’affaires et la diversification se poursuit avec d’autres produits de la ruche : cire, pollen et propolis.

Dans le fond de la toute nouvelle boutique, à droite, le bureau qui n’encombre plus désormais le logis familial
C’est maintenant avec plus de 350 ruches, réparties sur 17 ruchers, que le couple assure les rotations et alimente cette offre proposée notamment à l’Amap de La Riche. Gaëlle, à son tour il y a sept ans, lâche son boulot pour rejoindre Romain. Ensemble, ils produisent désormais de 20 000 à 30 000 pots par an.
Trop pour continuer de travailler comme il y a quinze ans, pas assez pour tout mécaniser. Les corps, qui s’abîment ou s’épuisent, conduisent aux évolutions nécessaires à la pérennisation de l’activité. Le lieu de travail est repensé et deux nouveaux bâtiments se dressent dorénavant sur le site. L’un – petit – abrite la boutique et le bureau, et l’autre – très grand et haut – abrite toute l’étape qui suit d’avril à septembre la récolte des hausses – étage de la ruche qui sert de « magasin à miel ».
La régulation de l’humidité, le maintien à température pendant l’attente de l’extraction sont maintenant facilitées par des installations électroniques. Et c’est une machine qui assure à présent la désoperculation qui se faisait encore au couteau il y a peu. Écoulement du miel dans le bac à décanter, filtrage, puis passage à la centrifugeuse, le miel est ensuite conservé en fûts de près de 300 litres. Gain de temps, gain d’énergie.
Restent les étapes tout aussi chronophages d’étiquetage des pots, mise en pot et capsulage. La mécanisation de la mise en pot est dorénavant en place et fait gagner à son tour beaucoup de temps et d’énergie. « On fait en une journée, ce que l’on mettait deux à trois semaines à faire, avant », précise Romain. Les autres étapes sont repensées, elles aussi, adaptées à la taille intermédiaire de l’exploitation. L’étiquetage restera manuel, mais chaque pot ne comptera bientôt plus que deux étiquettes au lieu de trois actuellement. Ce qui diminue très mathématiquement le temps d’étiquetage d’un tiers. Quant au capsulage, le plus pénible à faire à la main, une autre machine devrait bientôt compléter le dispositif.

La mise en pot est automatisée : Romain règle le volume en fonction de la taille du pot
Alors oui, c’est vrai, ce sont les abeilles qui font le miel. Mais, en coulisse, ce sont bien les apiculteurs qui protègent la survie des ruches et conduisent le miel, de l’opercule dans lequel il a été lové au cœur de la ruche, jusqu’à votre tartine.
Ainsi vont Gaëlle et Romain. Leur exploitation tire son nom d’un pseudonyme utilisé par Romain, dans ses jeunes années. Papae veut dire « papa » en brésilien. Ici, par souci d’équité, ajoutons Mamae aux tribulations de ces abeilles noires qui nous régalent. https://www.ladp.bz/


Il y a sept ans, Gaëlle a quitté son travail salarié pour rejoindre Romain dans l’entreprise

Dans ces fûts de près de 300 litres, est stockée la production de la saison

Stockage des « hausses » qui ont été retirées des ruches afin d’en récupérer le miel
